Le Soleil se levait : d'une ardente prière
Un Persan saluait sa féconde lumière.
« Ô Soleil, disait-il, astre aux divins rayons,
Qui du ciel bienfaisant nous dispenses les dons,
Accepte notre hommage, et, propice à la terre,
Sous tes feux protecteurs fais jaillir nos moissons! »
Un nuage, irrité de sa reconnaissance,
Répandit sur le ciel, qu’attrista sa présence ,
Une soudaine obscurité.
Une voix sort alors du nuage et s’écrie :
« Eh! quoi, c’est le soleil qu'un homme adore et prie!
Voila donc sa divinité!
O mortel! ce vain Dieu que cherche ton hommage ,
Vois-tu comme a mon gré je voile son image ?
Vois-tu lutter en vain ses rayons expirants ?
C’est à moi, son vainqueur, qu’appartient ton encens.
— N’insulte pas ce Dieu devant qui je m’incline,
Nuage immonde, éclos de sa chaleur divine,
Répondit le Persan, dans son pieux courroux;
C’est lui qui t'éleva de la terre fangeuse ,
Et te fit partager la voûte lumineuse
Qui nous éclaire tous!
Quand sa clarté se voile 4 ton ombre livide,
La honte est pour toi seul, et la gloire est pour lui.
Le zéphir en passant chasse ta nuit perfide ,
Et de nouveau sur nous l’astre immortel a lui. »
Il dit ; soudain, s'élève une brise légère ;
Le nuage s'enfuit, triste jouet des vents ;
L'astre divin se montre, éclatant de lumière...
Ainsi l'envie expire en ses vœux impuissants.
Fable traduite de l'anglais, de Gay