Le Soleil et l'Étoile Éliphas Lévi (1810 - 1875)

La nuit abaissait son grand voile
Devant Phébus aux cheveux d’or,
Et seule, une petite étaile
Dans le ciel blanchissant resplendissait encor.
- Cache-toi lui disaient ses jalouses compagnes,
Ne vois-tu pas que le soleil,
Bientôt triomphant et vermeil,
Va de l’espace immense envahir les campagnes ?
Il t’ensevelira dans des flots de clarté.
Devant lui n’es-tu pas honteuse ?
- Non, répond l’étaile amoureuse,
- J’adore sa lumière et j’aime sa beauté.
Je veux m’éteindre la dernière,
Et quand reviendra l’heure où mon amant me fuit,
Belle de souvenir, rayonner la première
Parmi les filles de la nuit.

Petite étaile, ainsi près de votre belle âme
Je m’enrichis en m’oubliant, madame,
Puis, loin de vous on me trouve meilleur ;
Car je dois un reflet de grâce
A votre esprit, à votre cœur.
Ainsi je puis sans trop d’audace,
Pauvre filon perdu des belles mines d’or
Dont j’aime à refléter la richesse lointaine,
Donner quelque parure à des fables encor,
Après celles de la Fontaine.

Livre I, fable 13


Symbole 13 :

Les âmes humaines ont leur lumière spéciale comme les corps. Il existe un magnétisme rayonnant qui rend l’approche de certains êtres consolant comme la grâce céleste, ou désespérant comme l’enfer. L’atmosphère des femmes trouble ordinairement le cœur des hommes, mais il est des natures exceptionnelles qui tiennent de l’ange plus que de la femme et qui vous purifient en vous approchant ; natures tellement supérieures et harmonieuses qu’elles rendent digne d’elles l’enthousiasme respectueux qu’elles inspirent. Ces femmes sont les preuves vivantes des vérités de la foi, car on respire dans le parfum de leur grâce, leur regard est doux et profond comme le ciel pur ; leur voix est certainement un écho d’un monde meilleur, et leur sourire est un parfum qui vient de Dieu.


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