Jeannette et son Chat Adine Joliveau (1756 - 1830)

Heureux à son ami qui peut livrer son cœur,
Et sur sa foi s'endort rempli de confiance !
(Sans un doux abandon est-il de vrai bonheur !
Mais si son choix n'est pas régie par la prudence,
Qu'il s'éveille aux avis de ce Chat précepteur.

Sortant de son logis, Jeannette un peu legère,
Dans sa chambre enferme son Chat,
Sans songer au fromage exposé sur un plat ;
Un mets doux et friand tente tout solitaire,
Et sans scrupule il fut grugé par le minet.
Jeannette arrive et trouve le plat net
Pendant qu'elle s'afflige, ô comble d'impudence :
Elle aperçoit près d'elle le voleur,
Sur son derrière assis, qui d'un œil de douceur.
S'efforçait de montrer certain air d'innocence.
- « Perfide, ton minois ne saurait me tromper,
Cria-t-elle toi seul as ravi mon fromage :
Et tu me le paieras ; elle allait le frapper.
- Je l'ai mangé, sans doute et l'ai cru mon partage,
Répond-il, comme un don j'ai dû le regarder ;
Autrefois serait-ce être sage,
Que de donner au Chat ton fromage à garder ? »

Livre I, Fable 9




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