Le Chat et la Mouche Ulric Guttinguer (1787 - 1866)

Le Chat d’une grande maison,
Rusé, poli, vif, plus que de raison,
Un jour quitta le lit de la portière,
Monta de l’office au salon,
Et du salon dans la gouttière.
Là s’asseyant, il rêve à ses projets,
Et plein d’orgueil il compte ses sujets,
Ses exploits, ses tours, ses prouesses,
Ses victimes et ses maîtresses.
« Un chat est bien puissant, chacun en conviendra,
Disait celui dont je m’occupe,
Bien fin qui me fera sa dupe,
Bien fort qui me renversera ! »
En ce moment, le touchant de son aile,
Une mouche vint à passer
Sous son nez ! Vite sur elle
Mon étourdi veut s’élancer ;
Mais l’abîme était là ! le malbjuireux y tombe.
Dans la rue il trouva sa tombe,
Sur le pavé chacun le regardait,
Et disait encor : C’est bien fait.

Gens trop pressés, que l’exemple vous touche,
Redoutez un semblable saut ;
J’en ai vu, pour moins qu’une mouche,
Tomber quelquefois de plus haut.

Fable 3




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