Le Chat et le Hibou Fleury Donzel (1778 - 1852)

On connaît l'antipathie
Des oiseaux pour le Hibou :
Pour le battre, dès qu'il crie,
Ils volent tous à son trou.
Le Chat, qui voyait l'affaire,
Lui dit un jour : mon compère,
Entendons-nous pour chasser,
Et nous ferons bonne chère.
Le Hibou de se presser
D'accepter cette partie.
Les gens de mauvaise vie,
En traitant du mal d'autrui,
N'ont pas longue conférence :
D'un seul mot tout est fini.
Triste oiseau bientôt commence
Son effroyable chanson ;
Et bientôt Merle, Pinçon,
Grive, geai, toute la bande
Accourt, qui mieux ne demande.
Ignorant la trahison.
Raton, qui sous une pierre
S'était blotti ventre à terre,
En goba telle foison
Que mon scélérat put faire
A son souper grande chère,
Ainsi que son compagnon.

Quand je vois, sur quelque place,
S'assembler la populace
Par la ruse d'un filou ;
Je m'écarte de la foule,
Et j'attends qu'elle s'écoule,
En songeant à mon hibou.

Livre I, fable 5




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