Le Chat, la Caille et le Cailleteau Louis-Maximilien Duru (1804 - 1869)

— Mon fils, disait un jour une Caille prudente
A son tout jeune Cailleteau,
Demain quittons la plaine el, plus près du coteau,
Allons établir notre tente.
Ce Chat, notre voisin, notre graisse le tente,
Et je crains bien que, plus tôt que plus tard,
Sans nous en prévenir, ce fin mangeur de lard,
Au coucher du soleil, ne vienne
Souper de ta carcasse et môme de la mienne. —
Or l'hypocrite au doux minois
Souvent, en tapinois,
Quand la mère était éloignée,
A son imprudente lignée,
Pour la séduire apparemment,
Glissait avec douceur un mot de compliment.
Le Cailleteau s'y prit; jeunesse est tôt gagnée.
Il conta tout à ce matou fripon,
Et la peur qu'on avait, et le projet si sage
De prendre un meilleur voisinage.
Mais, dès le soir, la mère et le garçon
Etaient descendus chez Pluton.

Petits enfants, pour vous, pour la paix du ménage,
Ce que vous entendez, ne le dites jamais.
Souvent le rapporteur doit à son bavardage
Bien des maux et bien des regrets.

Livre II, fable 12




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