Jupiter et son Chat Adine Joliveau (1756 - 1830)

En butte aux traits cruels des autres animaux,
La Brebis au ton doux, à l'humble contenance
Vint prier Jupiter de soulager ses maux ;
Elle éprouva da Dieu toute la bienveillance :
Créature excellente oui, je le vois trop bien
J'aurais dû te donner des armes secourables ;
Désormais je prétends qu'il ne te manque rien.
Choisis : veux-tu des dents, des griffes redoutables ?
- Non, je ne veux rien de commun
Avec les animaux qui vivent de rapine,
Peut-être un noir poison ? A moi bonté divine !
Les serpents venimeux sont haïs de chacun.
– De cornes voudrais-tu que j'armasse ta tête,
Tel que le Bouc ? - Oh! non, dit la Brebis ;
Si j'étais querelleuse ainsi que cette bête ;...
- Pour te défendre enfin contre tes ennemis,
Il faut être en état de nuire par toi-même.
- Grand Dieu dit-elle, en soupirant ;
Je n'implorerai plus ta puissance suprême
Laisse-moi mon état présent ;
Si je pouvais nuire, ô mon père !
Je craindrais d'en voir naître en mon coeur le désir ;
J'aime bien mieux, au risque d'en périr,
Souffrir le mal que de le faire.

Livre I, Fable 10




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