Le Laboureur et son fils Adine Joliveau (1756 - 1830)

Un laboureur dit un jour à son fils :
– Cultive, mon enfant, quelques arpents stériles,
Détruis-en les chardons, les herbes inutiles ;
Va, crois-moi, nous saurons en tirer maints profits ;
Il part ; le fils, en voyant tant d'ouvrage :
- Je n'en viendrai jamais à bout ;
Il me faudrait un siècle ! Il perd dont tout courage,
Et n'y travaille point du tout.
Le long du jour il dort, s'amuse.
Le père vient le lendemain.
De son mieux notre fils s'excuse ;
La tâche est par trop grande ; en peut-il voir la fin !
- Ne défriche dès lors que ce petit espace ;
- Oh oui, je le veux bien ; pour ce coin, encor passe.
Il s'y met, le cultive avec un air content ;
Autre tâche le jour suivant :
Il s'y prête encore avec grâce ;
De proche en proche enfin le terrain est bêché,
Retourné, bientôt défriché.

Divisez vos travaux ; patience et courage
Vous feront accomplir le plus pénible ouvrage.