Le Chien et le Loup Adolphe Durand (1784 - 1878)

Je sais que vous avez intérêt a me perdre, et vous voulez, dites-vous, me rendre service* Ce service ne serait-il pas le chemin qui vous mène à votre but ! Il est naturel au moins que je le soupçonne.

Un gros mâtin, capable d'expédier le loup le plus vigoureux, mais accablé de lassitude et de faim, traversait un jour une forêt. Il y fut rencontré par un loup, qui, jugeant à sa taille qu'il pouvait se défendre, et désespérant de s'en saisir par force, résolut de l'attaquer par la ruse. Il s'approcha donc de lui, avec précaution toutefois, et le saluant honnêtement : « Que pouvons-nous faire » pour vous, lui dit-il, dans ces lieux » qui nous sont connus » ? Le chien lui ayant avoué franchement son état : « Si » vous daignez me suivre, lui dit le » loup, je vous mettrai bientôt à même » de réparer ? vos forces ». Celui-là le crut, et le suivit ; et l'animal trompeur le conduisit au plus épais de la forêt, où était le gîte d'un autre loup ; et là, attaqué par deux, le chien ne put se défendre ; et victime de sa sotte confiance, il devint leur proie.

Livre I, Fable 14




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