Allons, éveille-toi, point de poltronnerie,
Donnons la chasse à l'animal glouton
Qui, l'autre jour, plein de furie,
Vint dévorer notre plus beau mouton.
Ainsi parlait Castor, chien d'une métairie,
A son camarade Pluton
Qui près de lui ronflait. A ces mots il s'éveille ;
Les hurlements du loup ont frappé son oreille.
Compagnon, lui dit-il, avançons, je suis prêt ;
Qu'à l'instant le glouton regagne la forêt !
Ils sortent de la cour : mais le loup, en silence,
Malgré leurs jappements, de plus en plus s'avance ;
Il n'est déjà qu'à vingt pas du logis.
Nos deux chiens, qui d'abord paraissaient si hardis,
A pas précipités reviennent à leur gîte ;
Ils y seraient, je crois, encor tapis,
Sans un coup de fusil qui mit le loup en fuite.
De tels faits, parmi nous, je fus souvent témoin,
Et bien des gens ainsi ne jappent que de loin.