D'un chapon gras à lard un renard fait sa proie ;
Il met à le manger tant de voracité,
Qu'au fond de son gosier un os est arrêté.
Passe par là commère l'oie
Qui revenait des champs. Elle vit l'embarras
Du croqueur de poulets, et suspendit ses pas.
Il n'avait jamais fait si vilaine grimace ;
Ma mignonne, dit-il, secourez-moi, de grâce ;
Un os va m'étrangler ; venez, ma bonne sœur,
L'extraire de ma gorge : une affreuse souffrance
Est déjà de ma mort le signe précurseur ;
Soyez sûre, à jamais, de ma reconnaissance.
Ton langage mielleux ne saurait me leurrer ;
Je connais les renards de trop ancienne date.
En tout temps, en tout lieu, je cherche à m'en garer :
Malheur au pauvre oison qui tombe sous leur patte.
Un os va m'étrangler ; venez, ma bonne soeur,
L'extraire de ma gorge. A d'autres la besogne ;
D'ailleurs, ma grand'-maman m'apprit jadis par cœur
Le Loup et la Cigogne.