La faiblesse de caractère fait que nous ne résistons pas au désir d'entreprendre ; la même faibles se fait que nous ne résistons pas aux obstacles de l'entreprise. Une âme ferme, au contraire, n'entreprend rien, légèrement, se raidit contre les obstacles, et arrive à son but.
Deux moutons, l'un âgé, l'autre fort jeune encore, du fond d'un vallon aperçurent sur un coteau une verdure qui leur indiquait un pâturage excellent, Moutons, dit le jeune au plus vieux ? Celui-ci considère les dissicultés, et voyant qu'elles ne sont pas insurmontables, répond : Moutons. » Voilà nos deux compagnons en route. Le jeune, leste et vigoureux, précédait de beaucoup l'autre, plus pesant à, cause de son âge ; mais un ruisseau large et profond se présentant, il fut bien obligé d'attendre. « Oh ! dit-il à son camarade, quand : il fut arrivé, nous ne pouvons pas aller au-delà : voyez ce fleuve. Nous chercherons le moyen de, passer, dit le plus vieux ; » et au même instant, observant l'endroit le plus large, il entre, essaye de passer, rencontré trop d'eau,; recule, cherche un autre gué, le trouve, et franchit le mauvais pas. Le jeune le suit, et passe après lui. A quelque distance de là, un bois épais arrête encore nos moutons. Le jeune se décourage, le vieux l'exhorte, prend un point de direction, et s'enfonce au travers des arbres. Le jeune marche sur ses traces, et voilà une seconde dissiculté surmontée. Mais à la sortie même du bois, i un rocher taillé à pic présente un nouvel obstacle. Le jeune alors perdant tout-à-fait courage, se couche,: et ne veut plus avancer. Le vieux tourne, retourne, essaie cent passages, en trouve enfin un, gravit le rocher, et se trouve à l'entrée d'un taillis rempli de buissons. Il fallait le traverser ; le mouton s'y enfonce, se pique, déchire sa laine, et quelquefois sa : chair, et en sort enfin, pour jouir, après tant de dissicultés vaincues, du pâturage qui l'avait attiré. L'histoire a publié de dire ce que devint celui que les obstacles avaient rebutés.