L'Oison et la Couleuvre Alexandre Coupé de Saint-Donat (1775 - 1845)

SUR les bords d'un étang un orgueilleux oison
S'applaudissait : Est-il dans la nature
Aussi parfaite créature ;
Outre ce blanc duvet dont le ciel m'a fait don t
Marcher, voler, nager et faire le plongeon,
Quels talents n'ai-je pas ! le Maître du tonnerre
Soumit à mes désirs les eaux, l'air et la terre.
Je règne sur chaque élément.
Mon ami, lui dit, en sifflant,
Une couleuvre, sa commère :
Il faudrait, pour prendre ce ton,
Nager comme un barbeau, voler comme un faucon,
Et courir comme un cerf ; pauvre oison, mon compère,
Tu nages mal, et ton vol est pesant ;
Je ne sais, pas marcher, à toi je me préfère..
Pourquoi ? pour mon petit talent :
Je parviens à tout, en rampant.

Fable 39




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