Le seigneur hérisson, n'ayant ni feu ni lieu,'
Pria madame la marmotte,
Bonne âme, s'il en fut, charitable, dévote,
De l'héberger pour l'amour du bon Dieu :
Ma cousine, je vous conjure,
Recevez-moi chez vous, je suis votre parent,
Voici le temps de la froidure,
Octobre est à sa fin, la saison sera dure,
Cédez-moi quelque coin de votre appartement ;
Je ferai, chaque jour, pour vous, une prière.
La marmotte lui dit : entrez dans ma tanière ;
Pour vous y recevoir on fera de son mieux.
Si donc qu'à s'installer l'autre ne tarda guère ;
Mais pour habiter avec eux,
Redoutons, mes amis, tous les gens pointilleux.
Lorsque, dans son taudis, notre pauvre marmotte
Voulait se retourner, le cousin hérissou
La piquait de bonne façon.
Eh ! mon cousin, de votre redingote
Pourquoi donc hérisser sans cesse les piquants ?
Bah ! faut-il se gêner, dit l'autre, entre parents,
Ne faut-il pas qu'on se supporte ?
ta marmotte se fâche, et dit : je veux qu'on sorte,
Sans plus tarder, de ma maison :
Vous êtes, mon cousin, un vrai fagot d'épine.
— Que ne sortez-vous, ma cousine,
Moi, je suis bien ici, j'y suis, j'y resterai
Jusqu'au retour du mois de Mai.