Le Papillon :
Rose aimée,
Si belle et si parfumée,
Accepte mon pur amour.
Près de ta tige embaumée
Tu me verras chaque jour ;
Tu seras ma souveraine,
Douce reine.
Mon idole, mon trésor,
Prends mon cœur, ô jeune rose,
Car je n’ose
A tes pieds le mettre encor.
La Rose :
Quoi ! volage,
Faut-il qu’on vous encourage
A mentir effrontément ?
Portez ailleurs ce langage,
Je n’ai que faire d’amant.
Vous courez de belle en belle,
Et votre aile
Vole et luit sur chaque fleur.
Laissez-moi, je vous invite
A fuir vite,
Abominable menteur !
Mais la rose,
Innocente fleur éclose
Sous un amoureux rayon,
Reçut, sur sa gorge rose,
Les baisers du papillon.
Elle donna ses tendresses,
Ses caresses,
Tant, que le fat s’en lassa,
Et que, raillant ses alarmes,
Tout en larmes,
Il s’enfuit et la laissa !