Le Papillon, le Zéphir et la Rose
Un papillon aux riantes couleurs,
Fidèle amant du cortège de Flore,
Joyeux, dispos, volait de fleurs en fleurs,
Dans un parterre, au lever de l'aurore.
Mais bientôt fatigué de son rapide essor,
Quoiqu'ivre encor de sa métamorphose,
En agitant ses ailes d'or,
Il se pose sur une rose.
Déjà son cœur, facile à s'enflammer,
Avait senti le doux besoin d'aimer.
« Offrons nos vœux, dit-il, à la plus belle ;
Son éclat, sa fraîcheur, tout est charme dans elle. »
Zéphir, témoin discret, à des propos si doux,
Suspend pour l'écouter sa course vagabonde ;
Quoiqu'il pourrait faire plus d'un jaloux,
Rien ne le fixe, il est plus inconstant que l'onde.
« Vois, dit l'insecte ailé, la rose mes amours :
Elle règne en mon cœur, en mon âme ravie !
Oui, c'en est fait, je l'aimerai toujours :
Elle fera le charme de ma vie.
–Jouis longtemps d'une si douce erreur ;
L'âge d'aimer est l'âge du bonheur :
Qu'il soit donc ton partage,
Mais en gardant sa liberté,
Ce bonheur est bien mieux goûté ;
Dit, en fuyant, zéphir volage.