L'Hirondelle et le Pigeon Louis Fayeulle (1764 - 18??)

Quoi ! l'avenir jamais ne t'inquiète ?
Disait un jour l'hirondelle au pigeon.
Mais nous voici pourtant dans l'arrière-saison.
Lorsque tu vois qu'au départ je m'apprête,
Tu ne songes qu'à tes amours.
Ainsi s'écoulent tes beaux jours.
Cependant quand l'hiver ramène les orages,
Quand les fougueux autans font gémir ces bocages,
Que ton sort est affreux ! Toujours peine et malheurs :
Les lacets, la disette, ou le plomb des chasseurs,
La bise, les frimas, hélas ! pauvre pécore,
Tous les maux conjurés t'assiègent dès l'aurore.
Suis-nous, franchis d'un vol le liquide élément :
Tu verras d'autres cieux, un climat différent.
Sur les bords fortunés d'une rive fleurie,
Tu retrouveras Flore et sa cour embellie.
— A visiter ce séjour enchanteur,
Diserte voyageuse, en vain l'on me convie :
Ce n'est qu'au sein de sa patrie
Qu'on peut jouir d'un vrai bonheur.
Un conseil quelquefois peut être bon à suivre ;
Mais pourtant par conseils gardons-nous de déchoir :
A qui sait se fixer, la raison, pour bien vivre,
Tient lieu de science et savoir.





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