Le Vieillard et la Fortune Alfred de Valois (1819 - 1888)

Sur le bord d’un chemin un pauvre vieux perclus,
De fatigue et de faim, vraiment n’en pouvant plus,
S’était laissé tomber, n’espérant aucune aide
Des hommes ni des dieux,
Quand tout à coup une femme assez laide,
Mais bien vêtue, apparut à ses yeux :
« Mon ami, lui dit-elle, espère, espère encore !
Je n’ai pas pu venir plus tôt, mais me voici…
Je t’apporte de l’or, tends les mains, prends ceci !
Allons, viens avec moi, car la faim te dévore !
Tu seras riche, heureux ! » — « Madame, grand merci,
Répondit le vieillard avec un froid sourire :
Vous arrivez trop tard, vos biens sont superflus.
Ce gazon est un lit où doucement j’expire…
Je ne veux rien de plus. »
Et, fermant les doux yeux devant l’humaine dame.
Il laissa de son corps s’exhaler sa pauvre âme.

Après dame Plutus
Nous courons ventre à terre,
Laissant, comme des fous, sur les chemins battus,
Vie, honneur et vertus,
Et, si nous l’atteignons, épuisés de misère,
Nous nous apercevons que nous ne vivons plus !







Commentaires