Les chercheurs d’Or Alfred de Valois (1819 - 1888)

— « Monsieur, j’ai voyagé longtemps en Amérique,
J’ai fouillé les placers, j’ai là des tonnes d’or.
Vous voyez ce lingot ? eh bien ! il est unique
Et vaut à lui seul un trésor.

— « Monsieur, je suis resté dans ma ville natale,
J’ai fouillé les greniers des pauvres malheureux.
J’ai trouvé dans Paris, l’immense capitale.
Bien des cœurs forts et généreux.

— « J’ai déjà deux châteaux, des bois et des prairies,
Un hôtel plus doré qu’un palais de sultan,
Des vins de tous les crus, et, dans mes écuries.
Vingt chevaux nés, je crois, au fond du Kurdistan.

— « J’ai déjà trois bons lits, avec leurs couvertures.
Pour y coucher l’aïeule et ses deux petits-fils.
Un gros tas de charbon pour vaincre les froidures
Et faire du soleil, l’hiver, dans les taudis.

— « J’ai fait, avec mon or, tout ce que l’on peut faire :
J’ai donné des dîners, des bals pleins de splendeur,
Et l’on m’a tant loué, tant flatté que j’espère.
Un de ces beaux matins, avoir la croix d’honneur.

— « J’ai fait avec cent francs une assez bonne affaire :
J’ai donné du travail à dix pauvres enfants,
Et chacun, m’a béni, de sorte que j’espère
Avoir un jour là-haut le bonheur que j’attends. »







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