Certain Hibou, d'orgueil pétri,
Du creux d'un arbre, à la nuit close,
Faisait retentir l'air de son lugubre cri,
Et se croyait un virtuose.
-Dans ce bois, disait-il, quel silence profond !
Faut-il en demander la cause ? Non, sans doute :
Je chante, et la nature écoute.
A quoi soudain l'Écho répond :
Et la nature écoute. -Oh, oh ! quelle merveille !
S'écria-t-il ; bravo ! bravo ! -
Bravo, lui répéte l'Écho.
-Le chant du rossignol peut bien charmer l'oreille,
Poursuit-il ; mais, ma foi, je n'en suis point jaloux :
Le mien est mille fois plus doux. —
L'officieux Écho de répéter encore -
Est mille fois plus doux. — Ah ! reprend la pécore,
Pour m'accorder la palme il n'est plus qu'une voix,
Et je suis l'amphion des bois.
De leurs talents imaginaires
Ainsi se pavanent les sots,
Et Dieu sait s'ils manquent d'échos
Pour entretenir leurs chimères !