Ce n’est pas en brillant que l’on parvient à plaire,
Ce talent et ce don demandent au contraire
L’entier renoncement de notre vanité
A l’attrait séduisant de la simplicité.
Le quatrain me paraît logique, indiscutable ;
Mais je puis dès demain le trouver détestable,
Selon que mon esprit, d’une méchante humeur,
Changeant d’opinion, d’avis et de couleur,
Verra différemment les hommes et les choses.
Là-dessus, mes amis, livrez-vous à des gloses,
Il n’en sera ni plus ni moins.
Ésope et Phèdre sont témoins
Qu’il faut pour compléter le parfait, fabuliste ;
Un plaideur en bonnet, doublé d’un moraliste,
Le dernier à raison, l’autre n’a jamais tort,
Et c’est souvent celui que l’on applaudit fort…
Mais trêve à ce discours, revenons à ma fable.
Il s’agissait d’un paon, futur mets de la table,
Et d’un petit Minet.
Désireux de briller l’oiseau se pavanait,
Ouvrant comme un écrin sa queue étincelante,
Au soleil de midi, parure chatoyante.
Cent voix disaient : — « Ah, qu’il est beau !
« J’admire le superbe oiseau,
« Sûr d’éblouir, fier de lui-même. »
Pas une n’ajoutait : Cet oiseau-là je l’aime.
Le petit chat modestement,
Jouait, sautait gentillement
De là façon la plus coquette,
Sans songer à montrer sa fourrure grisette.
Les gens criaient : Qu’il est joli !
Il est à croquer ce mimi.
Et le chat câliné fut leur petit ami.
Du quatrain retenez mon conseil salutaire
Le désir de briller nuit au talent de plaire.