Chacun le dit, chacun le croit,
Mis à l’épreuve on en décroit.
La fanfare sonnait. Les chasseurs en émeute
Cernaient un vieux dix-cors que décimait la meute.
Si c’était moi ! pensait le loup,
Mieux que ce cerf, et de beaucoup,
J’éventrerais les chiens, je ferais ma trouée
Dans le gros des chasseurs, et ma peau délivrée
Au loin me sauverais.
Les chiens flairant le loup, vers lui tournent leurs frais.
Le carnassier détale avecque promptitude.
Un renard l’entrevoit tomber de lassitude :
Si c’était moi ! dit-il, j’aurais tôt dépisté
L’aboyeur qui le suit au trois quart éreinté.
L’aboyeur le sentit, s’élance sur ses traces.
Les bonds les plus forcés, les tours les plus sagaces
Ne ne le sauvèrent point ; il eut un triste sort ;
Le lapin raconta les détails de sa mort :
C’eût été moi, dit-il, rien qu’avec mon adresse
J’aurais su me garer de la balle traîtresse.
Ce qui n’empêcha pas le confrère Jeannot
De fournir aux chasseurs son gibier pour leur rôt.