L'Harmonica et le Rossignol Éliphas Lévi (1810 - 1875)

Un harmonica résonnait,
Sans jeux de mots je prends la chose,
Il prétendait donc, et pour cause,
Que le rossignol détonnait.
- Oh ! les mauvaises chansonnettes
Que celles de ce triste oiseau !
Il n’a pas ce timbre si beau,
Ces notes si claires, si nettes,
Cet accent cristallin dont je puis me vanter.
On s’endormait à l’écouter.
La nuit commençait à répandre
Son calme et ses parfums ; alors d’une voix tendre
Un oiseau préluda, puis se mit à chanter.
C’était une chanson douce, naïve et pure
Comme l’âme de la nature ;
Les pleurs venaient aux yeux, le cœur était charmé :
Tout se fondait en mélodies ;
Les âmes les plus refroidies
Se souvenaient d’avoir aimé.
L’harmonica tintait toujours avec colère,
Mais un bon vieillard le fit taire
En lui disant : - Machine à bécarre et bémol,
Tu fais du bruit sans rien comprendre ;
Le rossignol pourrait t’entendre,
Mais toi tu n’entendras jamais le rossignol.

Les sourds peuvent nier ta divine harmonie ;
Lamartine, toi par pudeur,
Respecte la Fontaine et son tendre génie :
Tu feras douter de ton cœur.

Livre I, fable 7


Symbole 7 :

Ce symbole s’explique de lui-même et n’a pas besoin de commentaire.


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