Un jeune homme venait de faire un héritage,.
D'un château, d'un beau nom ;
Et d'une petite maison
Qui lui rappelait son jeune âge.
Cette maison était un touchant souvenir
Du berceau de sa tendre enfance ;
Pour un bon cœur si douce souvenance t
Plus tard il l'a fit démolir !
Pourquoi donc ne laisser que la trace,
Ou voire mère vous bercera
Quand elle est encor là?
En vain elle cherche la place
Do sa petite maison,
Et de ce vert gazon>
Où sa maternelle jeunesse
Vous prodigua l'autour de sa douce caresse.
N'était-il pas plus doux dé dire à vos enfants ?
Voilà l'heureux toit de ma mère,
Où je balbutiai Ina première prière,
Où mon cœur de son cœur comprit lés battements ;
Où mon père, soldat, de sa belle et grande âme,
M'apprit à servir mon pays.
Si, pour marcher aux ennemis,
Il fallait, quelque jour, déployer l'oriflamme.
N'effaçons pas
Le souvenir qui nous console,
Et celle divine parole :
Tes père et mère honoreras.
La petite maison, quoiqu'on dise,
Loin de nuire au château, l'embellit ;
La chaumière, auprès do l'église,
Dieu la protège et la bénit.
Vous avez abattu la maison paternelle ;
Pourtant vous lui deviez un si doux souvenir !
Fortune et rang, tout vous vient d'elle,
Depuis votre premier soupir...
Ce discours nous conduit à dire :
Laissons, à qui nous aime, un souvenir du cœur ;
Pour que ce cœur reconnaissant soupire
Notre nom, tous les jours, en priant le Seigneur.

Livre IV, fable 5




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