La Maîtresse de la Volière et l'Oiseleur Comte de Soubiras (19è siècle)

Depuis six ans épouse et mère,
La jeune Irène avait une volière,
Où sans cesse on la vit héberger les oiseaux
De chant et de plumage à son gré les plus beaux.
Elle allait complétant la vingtième douzaine,
Lorsque plus qu’un autre jaloux
De plaire à sa maîtresse, et d’avoir bonne étrenne,
Mathurin son fermier lui porta deux Coucous.
« — J’ai, sans mentir, resté six jours de la semaine
Aux aguets,
Et d’hier seulement ils sont dans mes filets.
- Tu pouvais, mon ami, t’épargner cette peine :
Emporte-les , lui dit Irène ;
De ma volière ils sont bannis ;
Et ne demande pas pourquoi je les abhorre.
Leurs œufs, qu’une étrangère a daigné faire éclore,
Sont délaissés par eux, ainsi que leurs petits ;
Le mâle ignore s’il est père ;
Celle qu’unit à lui leur hymen éphémère
Abjure les devoirs de la maternité,
Pour qui sait les remplir, ineffables délices.
- Excusons-les, reprit l’Oiseleur dépité,
Peut-être à ces oiseaux, madame, on a conté
Que messieurs vos enfants ont tous eu des nourrices,
Et que cet Epagneul qui tantôt m’aboyait,
Aux dépens de l’un d’eux a sucé votre lait. »





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