Depuis six ans épouse et mère,
La jeune Irène avait une volière,
Où sans cesse on la vit héberger les oiseaux
De chant et de plumage à son gré les plus beaux.
Elle allait complétant la vingtième douzaine,
Lorsque plus qu’un autre jaloux
De plaire à sa maîtresse, et d’avoir bonne étrenne,
Mathurin son fermier lui porta deux Coucous.
« — J’ai, sans mentir, resté six jours de la semaine
Aux aguets,
Et d’hier seulement ils sont dans mes filets.
- Tu pouvais, mon ami, t’épargner cette peine :
Emporte-les , lui dit Irène ;
De ma volière ils sont bannis ;
Et ne demande pas pourquoi je les abhorre.
Leurs œufs, qu’une étrangère a daigné faire éclore,
Sont délaissés par eux, ainsi que leurs petits ;
Le mâle ignore s’il est père ;
Celle qu’unit à lui leur hymen éphémère
Abjure les devoirs de la maternité,
Pour qui sait les remplir, ineffables délices.
- Excusons-les, reprit l’Oiseleur dépité,
Peut-être à ces oiseaux, madame, on a conté
Que messieurs vos enfants ont tous eu des nourrices,
Et que cet Epagneul qui tantôt m’aboyait,
Aux dépens de l’un d’eux a sucé votre lait. »