Un Événement au village Auguste-Alexandre Simon (1791 - 18**)

Un pauvre campagnard, ouvrier,
Franc, loyal et bon père,
Au travail toujours le premier,
fêlait pourtant voisin de la misère.
Il eut un grain d'ambition ;
(Qui n'en a pas, bon Dieu ? soit dit sans qu'on s'en fâche),
Ce fut d'acheter une vache ;
Le pis, c'est, qu'il était sans un seul ducaton.
C'est toujours là que le bit blesse.
Sous le chaume une vache est un si grand trésor !
On a veau, lait et beurre, fumier et puis encor
On porc que l'on engraisse.
Amassons, dit-il, sou sur sou ;
Supprimons le tabac qui charme et qui console,
Le cabaret aussi ; surtout tenons parole,
Nous en viendrons à bout.
Dieu bénit son courage ;
Il obtint ce qu'il désirait ;
il se crut le roi du village.
Mais est-il un bonheur parlait ?
Dans un vêlage dissicile,
Après des efforts sur effort,
Tout secours devint inutile,
La vache y rencontra la mort.
Pauvre famille, hélas ! ta douleur est extrême.
Rassure-loi, sèche tes pleurs ;
Tu sais combien on t'aime
Et combien les amis partagent tes douleurs.
Ah ! si de tel ou tel nous avions la fortune,
Tu n'aurais pas tant à gémir ;
Avec quel grand plaisir
Dans ton étable en deuil nous eh mettrions une.
Console-toi, nous quêterons demain ;
De porte en porte, ami, nous tendrons nôtre main
Pour qu'on le vienne en aide ;
A côté du malheur le ciel plate un remède.
Nous irons où le cœur est bon :
On met toujours dans la main qui demande ;
Si petite que soit l'offrande,
Elle porte l'espoir dans là pauvre maison.
L'ingénieuse bienfaisance
Sut trouve le chemin du cœur,
Verser sur la douleur
Le doux baume de l'espérance.
Espérons toujours dans le ciel ;
Noire breuvage amer par lui se change en miel.
Avec la quête, il advint, qu'on le sache,
Que le pauvre ouvrier put remplacer sa vache.
Répétons : Espérons toujours ;
Au moment du danger il nous vient un secours.

Livre IV, fable 6




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