Un petit garçon nommé Jean,
Aussi joli qu'aimable enfant
Aimait ce qu'on aime à son âge,
Le jeu, les bonbons, les gâteaux :
Il aimait encor davantage
Elever des petits oiseaux,
Or, il en avait un, son bijou, son idole ;
Joli, je n'en sais rien :
On est toujours joli pour qui nous aime bien.
Croyez m'en sur parole.
Notre enfant avait-il quelque brin de biscuit,
Sa voix d'ange, aussitôt, appelait son petit ;
Et l'oiseau d'accourir pour prendre sur sa bouche
Comme au sein d'Une fleur vient butiner la mouche.
On en était à ces marques d'amour,
Quand, certain jour,
Au beau milieu d'une embrassade
L'oiseau déchiré au sang son petit camarade.
Aux cris poussés par la douleur,
Bientôt accourt la tendre mère,
Près de nous : toujours la première
Pour nous presser contré son cœur,
Ta blessure n'est rien, mon cher fils, lui dit-elle ;
Viens le consoler dans mes bras ;
Mais que toujours, ami, ton oiseau te rappelle
Le danger d'aimer les ingrats.
Aujourd'hui ton bobo n'est qu'une égratignure ;
À choisir les amis, plus tard sois circonspect,
Rien n'est plus dangereux qu'un 'méchant coup de bec ;
Lorsque lu seras grand, redoute sa blessure.

Livre II, fable 17




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