Le Bouvreuil et le Chat Auguste-Alexandre Simon (1791 - 18**)

Rien n'est plus doux que l'amitié,
Elle est le charme de la vie.
Sans sa mine jolie,
On ne vivrait que de moitié.
Un Bouvreuil, c'est tout dire,
Pour l'intelligence et la voix,
Vivait en cage ; en cage l'on soupire
Après la liberté, les champs, les fleurs, les bois.
À ses souvenirs de tendresse,
Ses doux gazouillements d'amour,
Notre Bouvreuil ajoutait, chaque jour.
Les aimables leçons de sa jeune maîtresse.
À son petit oiseau, qui n'ouvrirait son cœur ?
Ce cœur naïf, plein d'innocence,
D'amour, de désir, d'espérance,
Disait : t'aimer est mon bonheur.
T'aimer est mon bonheur... répétait la voix tendre
Dé l'oiseau bien aimé ; mots si doux, si bien dits,
Si bien chantés, si bien sentis
Qu'il semblait les comprendre.
Pour le récompenser, on le laissait sortir.
Faiblesse extrême !
Trop souvent, quand on aime,
Faiblesse, hélas ! conduit au repentir !...
Un jour, je tremblé de le dire,
Un jour de liberté,
Sans égard pour ses chants, son esprit, sa beauté,
Un chat l'attrape et le déchire.
Le méchant ne respecte rien ;
Le mal est sa science ;
Il répond aux soupirs, aux pleurs de l'innocence :
Nuire est son bien.

Livre II, fable 18




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