Le Cerf et les Chasseurs Babrius (Ier - IIème siècle)

Un cerf de haute ramure, pressé par la soif, se désaltérait pendant le chaud du jour dans l'eau d'un étang tranquille ; il y vit son image, et il eut honte de ses jambes et de ses pieds ; mais il louait fort la beauté de son bois. Cependant Némésis, qui punit l'orgueil, n'était pas loin. Tout à coup il entend des chasseurs qui accouraient avec leurs toiles et leurs fins limiers ; à leur vue, il s'enfuit, avant même d'avoir étanché sa soif, et, d'un pied léger, s'élance dans une vaste plaine. Au bout de sa course, il entre dans un bois épais, mais ses cornes s'embarrassent dans le taillis ; on le prit sans peine. Alors il s'écria : « Hélas ! comme je me suis trompé! mes pieds, que je méprisais, me sauvaient, et cette ramure dont j'étais si fier m'a perdu. »

Dans vos jugements sur vous-même, et dans vos prévisions, ne comptez trop sur rien ; mais ne désespérez de rien non plus, et ne vous découragez point, tant quelquefois ce qui fait notre confiance peut nous trahir !

Fable 43




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