Le jeune Cerf et le vieux Gotthold Ephraim Lessing (1729 - 1781)

Certain cerf, grâce aux soins de la bonne nature,
Déjà de plus d'un siècle avait vu la mesure.
Un jour, parlant à l'un de ses petits enfants,
« Je me rappelle encor, lui disait-il, le temps
Où l'homme n'avait pas, en nous faisant la guerre,
Cet instrument à feu qui lance le tonnerre.
Ah ! l'heureux tems pour vous, » dit le jeune animal.
Doucement, mon ami, vous concluez fort mal,
Répond le vieux, ce temps il différait du vôtre
Mais certes n'était pas meilleur, bien qu'il fût autre ;
L'homme alors connaissant, arcs, flèches et carquois,
Savait, comme aujourd'hui, nous forcer dans nos bois. »

Livre III, fable 26




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