Un faon disait un jour au cerf son père :
Que le chien désormais me déclare la guerre,
Qu'il ose mesurer ses forces avec moi ;
A l'aspect seul du bois qui me croît sur la tête
Je veux qu'il tremble et qu'il s'arrête
Glacé d'effroi,
Sinon de mille coups perçant le téméraire
Je l'envoie habiter le séjour de Cerbere.
En prononçant ces mots d'un ton plein de hauteur
Il marchait affectant le port fier d'un vainqueur.
Mais dans l'air à l'instant de tous côtés résonne
Suivi du cri des chiens le bruit fatal du cor.
Tremblant, épouvanté, son grand cœur l'abandonne.
Mon fils, lui dit son pere, ils sont bien loin encor ;
Allons, de la forêt pénétrons l'ombre obscure
Et cherchons dans son sein une retraite sûre.
Il dit : et l'un et l'autre en proie à la frayeur
Assurent leur salut par une prompte fuite.
En vain de pied en cap vous armez un Thersite,
D'un Achille il ne peut revêtir la valeur.