Les chiens sont bien moins grands et bien moins forts
Disait un jeune cerf, s'adressant à son père ; (que vous,
Et votre front couvert d'une armure légère,
Vous permet de braver leurs dents et leur courroux.
Pourquoi donc paraissez-vous craindre
Ces chiens que vous pouvez repousser aisément ?
Oh ! mon fils, répondit le vieux cerf à l'instant,
Tu rappelles ma honte ; en vain je voudrais feindre,
Je ne puis te cacher ce qui fait mon tourment :
Je souhaiterais pouvair montrer plus d'assurance ;
Mais sitôt que j'entends quelques chiens aboyer,
Il faut que, malgré moi, vers le bois je m'élance,
Au risque d'être pris, ou de me fourvoyer.

Au lâche que tout épouvante,
Bien vainement on veut donner du cœur :
C'est une vérité constante
Que la raison jamais n'a guéri de la peur.

Livre VI, fable 9




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