Le Cerf-volant Jean Héré (1796 - 1865)

Poussé par un vent favorable,
Un cerf-volant montait, montait !...
De s'élever on est insatiable.
Tout en montant, il s'impatientait
Contre la main, à ses désirs rebelle,
Qui lentement lui lâchait la ficelle
Pour éviter tout accident.

- Vraiment, ma sottise est extrême
De me laisser conduire ainsi par un enfant !
Ne puis-je pas me diriger moi-même ?
Faut-il comme un captif me laisser retenir ?
Cela m'ennuie, et je veux en finir. -

Il dit, s'agite, et, par un coup de tête,
Rompt la ficelle qui l'arrête.
Mais, au lieu de monter plus haut,
Soudain il fait un soubresaut,
Puis tourbillonne à l'aventure,
Et tombe en se faisant plus d'une déchirure.

Quand le vent du bonheur, rapide et continu,
Nous entraîne, il est bon que l'on soit retenu.

Livre II, Fable 16




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