La Biche et son faon Louis Auguste Bourguin (1800 - 1880)

Au bord de la forêt, par un beau jour d'été,
Paissait un faon de biche à côté de sa mère ;
Mais il faisait le dégoûté :
L'herbe paraissait fade à cet enfant gâté,
Et du cytise en fleurs la feuille était amère.
« Eh bien! dirigeons-nous vers ce coteau lointain.
Là croissent à foison la mélisse et le thym ;
Si nos pieds ne nous font pas faute,
Nous y serons bientôt, viens. —-Mère, y penses-tu ?
Les traits du jour en plein tombent sur celte côte ;
Moi, qui par la chaleur suis si vite abattu,
Là-bas qu'irai-je faire, à celte heure brûlante? .
— Au fond de la vallée il faut descendre alors ;
Un ruisseau d'eau limpide y coule, et sur ses bords
Nourrit une herbe succulente.
— Non ; je crains la fraîcheur qui règne en cet endroit,
Je n'y passe jamais sans grelotter de froid.
— Dans l'épaisseur du bois cherchons quelque pacage.
— Des taons l'essaim cruel nous y tourmenterait.
—Gaiement donc, cher petit, broutons ce vert feuillage :
Rarement en ce monde on a tout à souhait,
Et d'un à peu près bien se contenter est sage. »

Livre V, Fable 10, 1856




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