Le Cerf et la Flêche Jean-Jacques Boisard (1744 - 1833)

Couché près de son arc, au milieu des forêts,
Un Sauvage dormait à l'ombre,
Parmi des victimes sans nombre
Qu'au lever de Aurore il perça de ses traits.
Un Cerf apercevant cette sanglante image,
Fut saisi d'épouvante et recula d'horreur ;
Mais ayant vu sur l'herbe étendu le Chasseur,
Il osa s'avancer jusqu'au champ de carnage :
Quoi ! lui dit une flèche, encor teinte de fang,
Malheureux, peux-tu bien affronter ma présence ?
Oses-tu m'approcher avec tant d'assurance,
Moi, qui peux te percer le flanc ?
Le Cerf lui répondit : Vil instrument des crimes,
Je fais trop que par toi l'homme atteint ses victimes ;
Dans les mains des brigands ton pouvair est affreux ;
Mais quand le méchant dort... tu n'es pas dangereux.

Livre II, fable 27




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