Le Chien de Chasse Baron de Stassart (1780 - 1854)

Dunois (ce nom qu’illustra maint héros Est celui de mon chien de chasse , Chien de mérite et de très-noble race, Qui sait réunir à propos, Comme César, la prudence et l’audace) Dunois déteste le repos. Si, par hasard, il me voit prendre Horace Ou quelque autre livre enchanteur, Il jappe, et prévoit bien que c’est pour la journée… Seul alors il fait sa tournée ; Chez les oiseaux il porte la terreur; Mais soumis aux lois de l’honneur, Au devoir constamment fidèle, Et désintéressé, tel que fut sous Louis Ce Turenne à jamais des guerriers le modèle, Il réserve, pour mes salmis, Et la bécasse et la perdrix. Mon chasseur toujours se rappelle Qu’il n’est là que mon lieutenant. Hier à jeun, giboyant de plus belle, Sous la patte il lui tombe une jeune sarcelle. Son appétit le dominant, D’abord mon brave se l’adjuge : D’un premier mouvement qui n’a point à rougir ? Avant de condamner ce coupable désir, Que chacun se tâte et se juge! N’importe, mon héros sortit victorieux De cette épreuve à tant d’autres fatale. Nul pourtant sur lui n’a les yeux ; Mais ne se voit-il pas? sa vertu se signale, Et, sur-le-champ, le butin est chez moi. Pythagore l’a dit : « Que ta première loi, « Si ton honneur se trouve en un péril extrême, « Soit de te respecter ! » Dunois, sans le savoir, Du divin Pythagore adoptait le système : Pour nous qui l’avons lu, n’est-ce pas un devoir, Mes amis , d’en agir de même?





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