Avec léger dédain, sourire de mépris
On supporte souvent d'abord l'impertinence ;
Mais si l'impertinent ne nous laisse un sursis
On perd tout-à-fait patience.
Le jour s'éveille, et le Chasseur
Donne du cor à toute haleine ;
Joyeux, les Chiens de chasse ont envahi la chaîne
Des bois et des buissons avec fougueuse ardeur,
Puis dispersés au loin tentent enfin la plaine,
Flairant en vain la brise et le gazon,
Improvisant jusqu'au silence
Tant chacun d'eux a soin d'être au diapason.
Bamboche, jeune chien de très peu d'importance,
De plus impertinent, ignorant le gibier,
Et s'imaginant faire émeute,
De donner de la voix -Mais sans égards, la meute
De poursuivre la piste-Alors notre écolier
Toujours plus fort aboie, aboie, aboie.
"Tu veux donc, paltoquet, nous faire perdre voie "
Dit, accourant au bruit, l'impétueux Chasseur,
"Tiens voilà pour t'apprendre à régler ton ardeur ! "
Et vertement, de sa lanière,
Il lui caresse la croupière.
Le Chien endolori, mais non point corrigé,
Dit alors à son maître, et d'un air dégagé :
Maître, vous le savez, bon Chien chasse de race,
Or, moi, je fais envie à votre populace,
Tous se dépitent à la fois,
Et de mon flair exquis, et de ma gente voix,
Et vous-Vous me frappez pour payer mon mérite !... "
"Dans le monde c'est eau bénite
D'entendre jaboter les sots, " dit le Chasseur ;
" Ils prouvent qu'ils sont sots par A plus B. L'envie
Ils ne l'inspirent pas, ce serait trop d'honneur,
Mais de notre mépris ils ont tous la survie.
Si ta langue bruyante, impertinent roquet,
N'eut proclamé partout bien haut tes algarades,
Jà tu n'aurais pas eu le fouet,
Bien juste prix de tes fanfaronnades ;
Mais les sots en voulant sans cesse bavarder,
Laissent tous leurs défauts à flots les déborder."