Renard est toujours là qui guette
Ou le dindon ou la poulette ;
On ne peut trop le surveiller.
A la garde d’un poulailler
Un jeune coq, mis en vedette,
L’aperçoit tout-à-coup le long de l’espalier.
Notre coq, en fuyant, pouvait sauver sa vie..»
Nouveau d’Assas , pour la patrie
Il voulut se sacrifier.
Maître renard avait coutume
D’expédier
Fort lestement un prisonnier.
A peine a-t-il le coq… aussitôt il le plume.
Tout le servait au mieux, lorsque notre fripon
Eut affaire à Pataud, dogue de la maison,
Qui le força de lâcher prise…
Le coq revint alors au paternel logis
Raconter à ses bons amis
Le long détail de cette crise.
On l’accueillit d’un ton railleur…
Son aile, aux trois quarts dégarnie,
Mettait chacun en belle humeur;
Et plus d’une plaisanterie
Acheva d’ulcérer son cœur.
« Perdre ses plumes ! quel mécompte !
Disait certaine poule ; « Eh ! mais, pour mon époux ,
« Je n’en veux point. — Il nous déplaît à tous,
Ajoutait un chapon ; « vraiment il nous fait honte;
« Prétend-il vivre parmi nous? »
A coups de bec on le maltraite,
On lui refuse tout secours ;
Et le héros, dans la retraite,
Alla finir ses tristes jours.
S’il n’est en brillant équipage,
On respecte fort peu l’honneur.
Il est bien loin de nous ce temps où la grandeur
Tenait à l’homme seul, et point à l’entourage.