Le Coq plumé Baron de Stassart (1780 - 1854)

Renard est toujours là qui guette
Ou le dindon ou la poulette ;
On ne peut trop le surveiller.
À la garde d’un poulailler
Un jeune coq, mis en vedette,
L’aperçoit tout-à-coup le long de l’espalier.
Notre coq, en fuyant, pouvait sauver sa vie..»
Nouveau d’Assas, pour la patrie
Il voulut se sacrifier.
Maître renard avait coutume
D’expédier
Fort lestement un prisonnier.
A peine a-t-il le coq… aussitôt il le plume.
Tout le servait au mieux, lorsque notre fripon
Eut affaire à Pataud, dogue de la maison,
Qui le força de lâcher prise…
Le coq revint alors au paternel logis
Raconter à ses bons amis
Le long détail de cette crise.
On l’accueillit d’un ton railleur…
Son aile, aux trois quarts dégarnie,
Mettait chacun en belle humeur ;
Et plus d’une plaisanterie
Acheva d’ulcérer son cœur.
« Perdre ses plumes ! quel mécompte !
Disait certaine poule ; « Eh ! mais, pour mon époux,
« Je n’en veux point. — Il nous déplaît à tous,
Ajoutait un chapon ; « vraiment il nous fait honte ;
« Prétend-il vivre parmi nous ? »
A coups de bec on le maltraite,
On lui refuse tout secours ;
Et le héros, dans la retraite,
Alla finir ses tristes jours.

S’il n’est en brillant équipage,
On respecte fort peu l’honneur.
Il est bien loin de nous ce temps où la grandeur
Tenait à l’homme seul, et point à l’entourage.





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