L'Aigle, la Laie et la Chatte Barthélemy de Beauregard (1803 - ?)

Comme en une maison où le loyer se paye,
Vivaient sous un même arbre, en se gênant un peu,
L'Aigle au sommet, en bas la Laie,
Et la discorde, ou la Chatte , au milieu.
On sait comment les deux premières bêtes,
Très-bonnes gens, mères honnêtes,
Ayant déposé leurs fardeaux,
Perdirent d'abord le repos,
Plus tard la vie,
Par les mauvais propos
De la Chatte pleine d'envie ;
Dangereux animal,
Qui, par sa langue de vipère,
Dans un but infernal,
Les fit périr de faim et de misère.
Ce monstre endurci dans le mal,
Instruisant ses enfants au crime
Et les encourageant par une horrible prime,
De chaque voisin mort leur fit prendre leur part.
De la justice enfin approchait l'heure
Qui sonne toujours tôt ou tard.
Sortant de sa haute demeure,
Un grand Aigle au bec de corbin
Se proposait de rendre une visite
A son noble voisin.
Il avait à sa suite
Ses robustes enfants.
Dans les calculs de sa prudence,
Il pensait que les jeunes gens,
Liant ensemble connaissance,
Un jour, entre les deux maisons,
Amèneraient peut-être une utile alliance;
Mais, outre ces raisons,
N'avait-il pas la politesse
Qui, de tout temps, distingua la noblesse?
On s'élance joyeux, en poussant de grands cris ;
Mais que l'on est surpris,
En arrivant à tire d'aile !
Un nid désert, des ossements blanchis ;
Tristes signes de mort : c'est en vain qu'on appelle,
Nulle voix ne répond,
A part l'écho qui trouble un silence profond.
On s'enquiert, on s'informe,
Et l'on apprend le crime énorme
De la chatte maudite et de ses rejetons.
Ayant haute et basse justice,
Comme seigneur en ces cantons,
L'Aigle, aussitôt les condamne au supplice
Et prend pour assesseurs
Ses fiers enfants qu'anime là vengeance
Et qui doivent de sa sentence
Être aussi les exécuteurs.
Tous aussitôt, comme autant de constables,
Se postent à l'entour, en silence embusqués,
Et sur le même point tous ont les yeux braqués.
L'ordre est précis, sitôt que sortent les coupables,
On leur saute à la face; ils sont dévisagés.
Ils veulent résister; mais, résistance vaine,
Du talion ils subissent la peine ;
Pas un n'échappe, ils sont tous égorgés.
L'Aigle fit à la Chatte une courte harangue,
Et lui dit en deux mots : « Pour punir tes forfaits
Et venger les malheurs que tes discours ont faits,
Je commence d'abord par t'arracher la langue ;
Puis ensuite, c'est bien le moins,
Dans ma mésaventure,
Que je pourvoie à mes besoins;
J'ai faim, tu seras ma pâture.

Cet Aigle et ces aiglons
Sont la figure des démons
Qui vont à la chasse des âmes,
Et pour grossir toujours le nombre réprouvé,
Prennent les noms des détracteurs infâmes,
Veillant surtout sur les langues de femmes
Dont on prétend que l'enfer est pavé.



Et à nouveau, on casse un peu les femmes ? A-t-on forcément envie de tout savoir sur les névroses du premier abbé venu qui a décidé qu'il pouvait écrire et publier quelque chose ? Je ne félicite pas, soit dit en passant l'éditeur qui s'est dit que ces choses devaient rester à la postérité !

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