Ne vous l'ai-je pas dit, qu'il faudra qu'on pâtisse
Du combat qu'à causé madame la génisse,
Disait grenouille. Hélas ! l'un des taureaux,
Vaincu, se réfugie au fond de nos roseaux.
Cent de nos gens déjà sont écrasés sur place !
C'est affreux ! S'il pouvait aller par là-bas... Paix,
Dit le taureau, paix ; montrez-moi, de grâce,
Lieux sûrs où je puisse à jamais
Ensevelir ma honte et ma disgrâce.
— De ce côté. - Par ici ? — Non, par-là.
— A droite ? — Bien. — Y suis-je ? — T'y voilà.
C'était un trou : notre taureau s'y noie.
Déjà, dans sa barbare joie,
Ce peuple criard et mutin
Assourdit tout le voisinage.
Mais, voilà que, le lendemain,
Du taureau mort, jadis l'honneur du pâturage,
Pour le pêcher, le maître vint
Avec force valets, avec un attelage
De dix boeufs : il en fallut vingt.
Tirer un boeuf d'un trou n'est pas petit ouvrage.
Je laisse à penser quel carnage.
Jusques au plus profond de l'eau
La genl grenouillère est atteintes
De son sang l'onde est au loin teinte !
C'est une bataille d'Eyleau !
Souffrons un mal quel qu'il soit, dans la crainte.
D'être pis. Du vaincu ne soyons pas bourreau.
Imité de La Fontaine