Du fruit qu'il recueillait de ses bienfaits sans nombre
Le flambeau se plaignait un soir.
-Quand la nuit, disait-il, étend son voile sombre,
Je permets aux mortels ensevelis dans l'ombre
De veiller, agir, se mouvoir.
Mon sort en est-il moins à plaindre ?
Toujours luttant contre l'obscurité,
Plus je fais naître de clarté,
Plus je hâte l'instant, hélas ! qui doit m'éteindre.

Bien fou qui s'use le cerveau
À forger maint docte volume !
Lui-même il creuse son tombeau ;
Triste image de ce flambeau
Qui pour nous éclairer s'épuise et se consume.

Livre II, fable 17




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