Paulin, jeune étourdi, comptant treize ans à peine,
L'autre jour, sur un habit neuf,
Répandit une jatte, pleine
D'un breuvage sucré, formé de crème et d'œuf :
« Le maladroit enfant ! » dit aussitôt sa mère.
Puis elle éclate en reproches, en cris,
Ameute les voisins. Voyez donc, ma commère,
« Le bel ouvrage de mon fils !
Qu'en dites-vous, voisin ? voyons, que faut-il faire ? »
L'un lui fait employer l'essence de citron ;
Un autre officieux va chercher du savon ;
A celui-ci l'alcool semble bien préférable.
Le tout est appliqué sans prudence et sans fruit.
Quel fut le résultat de ces soins, de ce bruit ?
La tache de son fils devint ineffaçable,
Et tout le monde en fut instruit.

Des défauts d'un fils, d'une fille,
N'allons pas nous plaindre au dehors ;
Au fond de notre cœur cachons plutôt leurs torts,
Et lavons, comme on dit, notre linge en famille.

Livre I, fable 9




Commentaires