Tout horrible du sang de l'hydre surmontée,
Hercule était debout, fatigué, mais vainqueur.
Un mirmidon lui dit : - Tu dois bien dans ton cœur
Exécrer ton tyran, le fatal Eurysthée.
Depuis que le destin t'a soumis à sa loi,
Que n'as-tu pas souffert ? Mais Hercule : - Tais-toi,
Tais-toi, dit-il au nain, qui d'un souffle d'envie
Voulait empoisonner sa vie.
Eurysthée a forgé mon courage de fer ;
En forçant mes travaux, il a forcé ma gloire,
Il a grandi ma lutte et créé ma victoire :
Je lui dois plus qu'à Jupiter.
- Mais il te hait toujours. – Que m'importe sa haine,
Lui seul en souffrira. – Mais tu traînes sa chaîne.
- Oui, pour en étrangler les lions sans pâlir.
D'ailleurs, un saint devoir n'est point un esclavage
- Mais il veut avilir ton illustre courage.
- Ce qui nous rend illustre, on ne peut l'avilir.
Des censeurs trouveront ma fable ridicule,
Et penseront avoir raison
En s'indignant de voir Hercule
Causer avec un mirmidon.
Mais les plus grands sont faits pour donner la science,
Les petits pour interroger,
Et la sublime intelligence
Jamais en se baissant ne saurait déroger.
Symbole :
Le Christ, en nous ordonnant d’aimer nos ennemis, ne nous commande-t-il pas une injustice ?
Non, car nos ennemis sont nos plus grands bienfaiteurs ; ils nous corrigent, pendant que nos amis ne sont que trop disposés à nous flatter.
Nos ennemis sont les travailleurs de notre progrès et nous leur devons le prix de nos efforts.
Ce sont les flatteurs qui perdent les artistes et les rois ; ce sont les critiques et les oppositions qui les sauvent.
En politique comme en dynamique on ne s’appuie que sur ce qui résiste.
C’est l’obstacle qui nécessite l’effort, et c’est par l’effort qu’on prend possession de la force.