L’Avare et le Corbeau

Esther Sezzi (19ème siècle)


Tel reprend un défaut avec peu d’indulgence
Qui pour même sujet prèle à la médisance.
Près de son coffre-fort assis,
Certain thésauriseur contemplait sa richesse.
Certain corbeau, commensal du logis,
Voyant reluire l’or en détourne une pièce
Et s’en va vite la cacher
Dans une fente du plancher.
Mais notre homme l’avait vu faire :
« Ah! voleur, dit-il en colère,
Méchant et stupide animal,
Qu’as-tu donc besoin d’or? en connais-tu l’usage?
A me le dérober, qu’est-ce enfin qui t’engage.
Sinon le seul plaisir de te livrer au mal?
De ce mauvais penchant tu seras la victime,
Car la mort à l’instant doit expier ton crime.
— La mort! ah ! de grâce, tout beau,
S’écria soudain le corbeau ;
Le crime sur lequel votre courroux se fonde.
Vous en êtes coupable aux yeux de tout le monde,
Et de cet or dont vous êtes jaloux.
Je fais même usage que vous,
Sans que du moins ce soit par avarice.
Vos prétextes sont singuliers :
Pour un doublon caché s’il faut que je périsse.
Que mériteriez-vous, selon toute justice,
Vous qui les cachez par milliers!!! »





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