Par un beau jour d'été, les Singes dans un bois
Jouaient à l'escarpolette.
Un rien les divertit. C'est des Singes, je crois,
Que nous vient cette amusette.
Un cordon soutenait le poids
De celui qu'on plaçait sur la frêle machine.
D'autres poussaient d'en bas et le faisaient mouvoir,
Tandis qu'il est en l'air, une foule badine
De Guenons, de Makis riaient, il fallait voir l
Un autre vient, assied sa croupe
Sur la corde mobile, et le voilà poussé.
Mais la drôle se fâche ; il se plaint à la troupe
Qu'il n'est pas assez haut lancé,
On redouble d'efforts, on tire, on se trémousse,
On le guindé ; peu s'en faut
Qu'il n'aille au ciel » Et lui veut toujours qu'on le pousse :
On l'enlève si haut, si haut,
Que la tête lui tourne ; il chancelle, il culbute,
Il tombe, et se fracasse un bras.
Prends un juste milieu, tu préviendras ta chute.
Le sage ne se tient ni trop haut ni trop bas.

Livre II, Fable 5




Commentaires