Les Singes savants et les Gimblettes Théodore Lorin (19è siècle)

En champ de foire, un baladin
Montrait à la foule ébahie
De ses singes savants l'illustre compagnie.
Exécutant maint et maint tour badin,
Ces vifs enfants de la folie
Faisaient rire aux éclats par leur espièglerie.
D'un air majestueux, le principal acteur,
Vêtu d'un habit magnifique,
Se promenait dans la place publique :
Sa noble gravité charmait le spectateur,
Quand il arriva par malheur
Qu'une femme portant un paquet de gimblettes
Vint à passer. Notre grave savant
Jette bas son manteau tout garni de paillettes,
Pour courir à ce mets friand :
Ses compagnons bientôt en eurent fait autant.

Pareille chose arrive assez souvent
Dans mainte grave compagnie
Où l'on traite un sujet sérieux, important.
Une légère et frivole saillie,
Comme la gimblette, à l'instant
Fait succéder la gaieté, l'enjouement
Ou la piquante et fine raillerie
Au discours le plus imposant.

Livre IV, Fable 13




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