L'Aigle et le Roitelet Théodore Lorin (19è siècle)

Sur le sommet d'un mont un faible roitelet
Brûlait de s'élever ; mais son aile peu forte
Ne lui permettait pas de faire un tel trajet :
Un aigle généreux doucement le transporte.
« Pauvre sot, dit un envieux,
D'être monté si haut ne sois pas glorieux :
Songes-y bien, sans l'aile tutélaire
Du monarque des airs, et son secours puissant,
Tu ne saurais aller que terre-à-terre. »
« Du moins, dit l'oiselet, je suis reconnaissant.
Seul, je ne puis voler bien haut, je le confesse ;
Mais pour soutenir ma faiblesse
J'ai des amis, et mon cœur est content. »

ENVOI A M. CHARLES DE POUGENS

Par mes propres talents, au sommet de la gloire
Je voudrais en vain m'élancer ;
Mais caché sous ton aile, au temple de Mémoire
Mon nom avec le tien peut un jour se glisser.

Livre IV, Fable 12




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