L'Aigle à deux têtes et les Rossignols Auguste-Alexandre Simon (1791 - 18**)

Dans un bosquet charmant de la belle Italie,
Des Rossignols vivaient en parfaite harmonie,
Chantant leur beau pays, leur bonheur, leurs amours ;
Tout ce qui parle au cœur, le fait battre toujours !
Quand des rives du nord des Aigles à deux têtes
Portent leurs lois, le deuil, dans ces douces retraites.
Nous venons, disent-ils, sur la foi des traités,
Gouverner ce pays, vos biens, vos libertés.
Malheur au Rossignol, si sa voix mielleuse
Trouble nos chants guerriers, c'est sa tombe qu'il creuse.
Ça dit, sur les rochers, les aigles font leur nid ;
Ils posent en tous lieux, farouches sentinelles ;
Le moindre chant d'amour, le moindre bruit des ailes,
Des fors, ou de la mort, est à l'instant puni.
Sur les fleuves, les lacs, les mers, les forteresses,
Partout règnent l'effroi, les larmes, les tristesses :
Étendant en tous lieux leur domination.
Us vont percer au cœur les oiseaux du Piémont.
Mais ceux-ci, belliqueux, font bonne contenance ;
Ils crient au secours à l'aigle de la France.
Un seul mot lui suffît, L'HONNEUR !.... et le voilà
Des Alpes et des mers, d'un seul vol, par de là..
La foudre est moins terrible ;
L'Aigle français, valeureux, invincible,
Déchire au premier choc les injustes traités,
Et rend aux opprimés leurs chères libertés.
Laissons aux rossignols leurs bosquets, leur ramage,
Surtout leur liberté !.... désormais l'esclavage
Doit disparaître et pour jamais.
Chacun chez soi, c'est le moyen de vivre en paix.
Puisse l'Aigle français quelque jour ne pas dire :
J'ai cru bien faire, et j'ai fait pire.