Un Paysan blesse un Pigeon. ;
Quel mal l'ai-je dolic fait, lui dit le volatile ?
— Le mal que fait tout inutile,
Toi, les liens, vous mangez je quart de ma moisson.
Le pouvair nous l'a dit, il faut tous vous détruire ;
L'intérêt nous ledit aussi.
L'intérêt, c'est tout dire,
Pour que vous n'ayez pas merci.
— Au nom de l'intérêt, à mon tour je l'arrête.
Écoule, après s'il faut mourir,
Quitter amour, Soleil, Zéphir.
Que volonté de Dieu soit faite.
Tu sèmes un blé pur ; mais es-tu seul semeur ?
La nature, elle-aussi sème à toute volée,
Le bon, le mauvais grain, dans les champs, la vallée ;
Elle n'a pas besoin des bras du laboureur.
Rien plus que nous mauvaise herbe dévore
Les épis de tes champs, appauvrit ton terrain,
Si le bec du Pigeon n'attaquait que ton grain,
La mort serait trop douce encore.
Mais tu le sais, cruel, il n'en est pas ainsi ;
Dieu nous créa pour sarcler la semence ;
Nous mangeons le bon grain, mais le mauvais aussi,
El certes ce donner on plus grande abondance.
Nous sommes l'ouvrier qui ne te coûte rien :
Un peu de grain, voilà notre salaire :
Tu ravis nos petits sous l'aile de leur mère,
Ces bien plus que mourir que nous prendre ce bien !
Satisfais ta vengeance,
Et ta cupidité.
La mauvaise herbe, avant maturité
Détruira tes moissons, ta plus douce espérance...
Il mourut.. mais le temps vint lui rendre raison.
Alors le Paysan se souvint du Pigeon.
Tout être, se dit-il, ici bas est utile,
A le bien employer il faut nous rendre habile.
L'abeille pique au sang ; mais elle fait le miel ;
Nous rencontrons l'épine en cueillant une rose.
Le jour est ravissant, mais la nuit nous repose.
Il n'est rien sans souci, c'est un arrêt du ciel.
Il faut qu'il se confesse,
L'homme, toujours trouve pratique la sagesse.