Le paon voulut un jour régner sur les oiseaux :
Si maîtresse Junon lui donna la couronne,
Et du plus riche des manteaux
Se plut à l'habiller.Tout fier de sa personne,
II se panade aux yeux de ses rivaux,
Ouvre sa vaste queue, avec pompe en étale
L'azur et le rubis, l'émeraude et l'opale ;
Les oiseaux en sont éblouis.
Chez eux, comme chez nous, par les yeux on est pris :
Merles, geais, étourneaux, chacun dans son langage,
Criait : vive le Paon, allons lui rendre hommage.
A ces cris, de ses droits, se réveille jaloux
L'aigle que Jupiter porte sur ses genoux.
Eh quoi donc ! vainement j'aurais porté ton foudre ;
A me laisser braver tu pourrais te résoudre !
Ô puissant Jupiter ! quels sont ces nouveaux droits ?
Le plumage aux oiseaux doit-il donner des rois ?
Rassure-toi, lui dit le maître du tonnerre,
N'as-tu pas ton bec et ta serre ?